Note de la cheffe décoratrice
Une grande maison vide dans les environs de Metz que mon équipe et moi avons complètement emménagée. Un défi de près de 600m2 à totalement imaginer et incarner. Pour ce projet, j’ai réfléchie la maison comme un personnage silencieux lui aussi dont les murs révèleraient un peu des histoires qui se jouent en secret. Pour que le décor ajoute une strate à la lecture que le spectateur aurait des personnages et aide les comédiens à se projeter dans le passé de cette famille, j’ai imaginé une maison dans laquelle la famille se serait installé il y a longtemps, lorsque François avait commencé son activité de conseil et alors que le couple avait le projet d’adopter un second enfant. La surface de la maison et sa double entrée permettait cette idée de lier vie professionnelle et vie privée. Et sa circulation suggérait déjà une frontière trop flou entres ses deux mondes. Pour ce qui est des matériaux et des couleurs, j’ai travaillé autour de la contrainte donnée par la surface énorme et les sols que je ne pouvais pas changer. La pierre apportait cette sensation de froideur et de rigueur que m’avait inspiré mes premières lectures du scénario. Aussi, j’ai opté pour des lignes strictes, des symétries, des matières froides et des couleurs pâles dans les pièces de réception et les longs couloirs qui lient espace de travail et espaces à vivre. J’avais en tête certains plans de « Safe » de Todd Haynes dans lequel la solitude du personnage est perceptible à travers les matières et les espaces trop vide. Tout est très bien rangé, tout a sa place et la maison semble toujours prête à donner le change de la normalité dont on tient à se revêtir si besoin. Pourtant, à travers tout cet ordre et ces espaces quelque chose semble inquiétant. Pour accentuer cette sensation, j’ai travailler avec des motifs antiques. Dans le salon et la salle à manger notamment, un trompe l’oeil de fresque romaine et les motifs égyptiens des rideaux semblent vendre la mèche de la perception hors norme, au dessus des lois que François a de lui même. D’une certaine façon, je pourrais aussi dire que la décoration est virile. Dans la chambre de François et Astrid, je voulais quelque chose d’inquiétant et de beau en même temps. Un endroit où l’on aimerait pouvoir se reposer car les matières sont nobles, les couleurs rassurantes mais où l’atmosphère paraîtrait tout de même menaçante. Le papier peint paysage évoquant une tapisserie de sous bois jouait à mes yeux ce rôle et évoquant les forêts des contes de fées dans lesquelles rôdent parfois les monstres et les loups.
Informations
- Production LES FILMS DU LOSANGE / STENOLA