JACQUES SAULNIER (1928-2014) S’EN VA ET C’EST LE DERNIER d’une génération de décorateurs qui disparait, celle des Bernard Evein, Pierre Guffroy, François de Lamothe.
Issus à la fois des Beaux-arts et de l’IDHEC, ils ont été formés par leurs prestigieux aînés (Trauner, Douy...) au décor en studio et, paradoxalement, sont devenus chefs décorateurs au moment de la Nouvelle Vague qui préférait tourner dans les rues.
Ils auront traversé jusqu’à cinq décennies de cinéma français, abordé plusieurs genres tout en formant des duos de longue durée : Evein/Demy, Guffroy/Bunuel ou Polanski, de Lamothe/de Broca.
Celui de Saulnier/Resnais fit ensemble pas moins de 16 films, ce qui n’empêcha pas le décorateur de travailler à plusieurs reprises avec Henri Verneuil et Pierre Granier-Deferre, et aussi pour des productions internationales signées Lumet, Frankenheimer, Richardson.
Pour ma part, mes décors préférés - hors Resnais - sont le pavillon de banlieue menacé par les bulldozers dans Le Chat et l’appartement du pervers collectionneur d’art de La Prisonnière.
A part revoir les décors de ses quelques 120 films, voilà où lire sur Saulnier, le voir et l’écouter. Une liste non exhaustive, à compléter.
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INTERVIEWS
En 2003, dans le magazine en ligne
Objectif Cinéma. Interviewé par Alexandre Tsékénis. Saulnier raconte son parcours et ses collaborations, l’évolution de son métier depuis ses débuts.
http://www.objectif-cinema.com/interviews/266.php
En 1992,
L’atelier d’Alain Resnais de François Thomas, Flammarion. 12 entretiens de collaborateurs de Resnais pour comprendre la méthode du réalisateur.
En 1988,
Positif n°329-330, Saulnier s’entretient longuement, et dans le détail, avec Jean-Pierre Berthomé, à l’occasion d’un dossier réalisé par l’historien sur le décor au cinéma.
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INTERVIEWS FILMÉS
Bonus du DVD Les herbes folles StudioCanal
Les suppléments annoncent "Un portrait de Jacques Saulnier". "Portrait "est abusif, il s’agit en fait d’un court - mais dense - reportage sur le tournage aux studios d’Arpajon. Mais le décor en question est certainement un des plus beaux qu’ait réalisé Saulnier, une rue avec un cinéma. Saulnier commente le décor et au passage rend hommage à son ensemblière, Solange Zeitoun.
Bonus du DVD Providence Jupiter-Films
A l’opposé des Herbes folles, coloré et jazzy comme le souhaitait Resnais, Providence est "un film presque sans couleurs, comme un mausolée" selon son chef opérateur Ricardo Aronovitch.
Lui et Saulnier évoquent ensemble le film, reviennent sur les choix esthétiques et la façon dont la lumière et le décor y ont contribué, avec les moyens de l’époque.
Aronovitch raconte plus longuement le tournage et la restauration du film, Pierre Arditi témoigne sur la direction d’acteurs.
Un beau documentaire de 50 minutes, réalisé en 2013.
DESSINS ET MAQUETTES
Pour voir des reproductions des dessins et maquettes volume de Saulnier, il faut feuilleter
Resnais de Jean-Luc Douin (Editions de la Martinière, 2013).
Et aller à la
Cinémathèque. Une quarantaine de maquettes dessinées, collages, plan.... sont visibles sous forme numérique à la médiathèque. Ils témoignent du talent de Saulnier et aussi de sa capacité à adapter son style de rendu au projet, à manier la couleur et la gouache.
La Cinémathèque conserve également un certain nombre de ses maquettes en volume, dont les fameuses de
Smoking/no smoking.
En logo : Jacques Saulnier photographié par Anne Seibel
Les herbes folles (2009)