PAU CASALS, LA FORCE DU SILENCE
de Manel Huerga (2017)
William Abello (ADC) a signé les décors de ce téléfilm consacré à Pablo (Pau en catalan) Casals, immense violoncelliste espagnol réfugié en France sous Franco, célèbre entre autres pour son interprétation des suites pour violoncelle seul de J-S Bach, fondateur en 1950 du festival de musique de Prades, Pyrénées orientales.
Suite à la décision des Nations Unies en 1945 de ne pas intervenir en Espagne contre le franquisme, Casals décida de ne plus donner de concert.
« Je suis peu adepte des reconstitutions et même d’une vraisemblance autre que l’évocation stylisée, mais le film étant entièrement tourné dans les vrais lieux de confinement du violoncelliste, pendant l’après-guerre civile espagnole et l’après seconde guerre mondiale, l’exactitude fut mon crédo.
Du concert qui inaugura le festival de Prades, seules restaient quelques photos de mauvaise qualité. Ce sont quelques contemporains encore vivants qui m’ont guidé.
La "légende" veut que pour améliorer l’acoustique défaillante de l’église, seul lieu pouvant accueillir des centaines de mélomanes, les pêcheurs de la cote catalane amenèrent leurs filets. Après une enquête serrée, il s’agissait des filets de tennis des environs et des liens en chanvre des gymnases. Conséquence, une chouette séquence en moins, celle du débarquement des pécheurs dans l’église...
Mais la vérité a quand même eu un effet positif. L’essai avec les filets de pêche ne donnait pas grand chose, presque invisible et très "cafouilleux" à l’image. Les filets de tennis avaient eux une certaine esthétique et ont réellement amélioré l’acoustique de la séquence finale.
Il n’y a pas de loi ou de déclaration d’intention dogmatique, à chaque projet sa propre aventure. Nous cherchons un rapport visuel à la réalité, dans ce cas c’est l’aspect documentaire qui a rejoint ma vision du film ». (William Abello)