LES AMANTS DU PONT-NEUF
de Leos Carax (1991)
En décembre 2018, le ciné-club de l’ADC présentait Les Amants du Pont-Neuf devant une salle pleine où se trouvaient des membres de l’équipe du film (réalisation, décor…), et un public dont la plus grande partie découvrait le film sur grand écran.
1989, la France fête le bicentenaire de la révolution. Le Pont-Neuf, théâtre principal du film, est fermé pour travaux et c’est là que vivent Alex et d’autres marginaux. Leur vie tranquille va être perturbée par l’arrivée de Michèle, une jeune dessinatrice qui perd inexorablement la vue. Alex et Michèle vont s’aimer, au gré d’une vie nocturne agitée et festive.
Le film doit se tourner en partie sur le vrai pont, au cœur de l’été, et pour les scènes de nuit, sur un décor construit en extérieur et loin de Paris, du côté de Montpellier. Mais une blessure de Denis Lavant (Alex) vient interrompre le tournage. Les délais d’autorisation de tournage sur le Pont-Neuf (bloqué pour l’occasion) étant non reconductibles, il est décidé est de transformer le décor "nuit" en décor "jour", donc bien plus détaillé dans ses finitions et...bien plus cher.
Avec son tournage à rebondissements étalé sur trois ans, le film allait entrer dans le cercle fermé des films maudits, spectaculaires et coûteux par leur fabrication. Pour ce film, Michel Vandestien sera nommé aux Césars des meilleurs décors en 1992. Suprême récompense, il recevra les félicitations de Francis F. Coppola et de Martin Scorsese, mieux qu’un César ! Ecrit avec la complicité de Riton Dupire-Clément, et à sa suggestion !
La tâche est ambitieuse, un bassin artificiel a été creusé dans un terrain, à travers duquel sera construit le Pont-Neuf avec de part et d’autre les façades des immeubles longeant la Seine, dont la célèbre Samaritaine.
Une fois établi que la caméra restera sur le Pont-Neuf ou à proximité, le décorateur Michel Vandestien joue de la perspective en réduisant les façades au fur et à mesure qu’elles s’éloignent, recréant à 360° le paysage parisien au lointain. Pour les séquences nocturnes, des paires de petites lampes sont disposées sur rail, pour figurer les phares de voitures qui se croisent sur les quais. L’illusion est parfaite.
Crédits photos aériennes : Laurent Canches & CAP, Archives ML