PHOTOGRAPHIE : Le Bal 75018 C’est un large cylindre creux de 54 étages, digne du Brazil de Terry Gilliam, la plus haute construction de l’Afrique du sud et de tout le continent noir. Elle s’appelle Ponte city, tour résidentielle dans un quartier alors en pleine expansion de la Johannesburg blanche. Sa construction s’achève en 1975, juste avant les émeutes de Soweto. Avec le déclin du centre-ville et la montée de la contestation noire, les blancs pour qui avait été bâtie cette tour (des zones y étaient prévues pour leurs domestiques) émigrèrent vers d’autres quartiers plus "surs". Alors qu’elle avait cru incarner une certaine utopie (économique, architecturale aussi avec son puits de lumière intérieur offrant une double exposition à tous les appartements), Ponte city devint une zone de non-droit, une gigantesque poubelle (5 étages de détritus s’accumulaient au fond de son centre !), à moitié pillée et abandonnée. Peu après son rachat en 2007 par des investisseurs immobiliers et le début de sa rénovation, Patrick Waterhouse et Mikhael Subotzky, photographes sud-africains, démarrent leur travail, une véritable autopsie de la tour qui durera 5 ans. « Par l’accumulation de signes, leur travail s’est ainsi constitué par touches, par strates pour s’inscrire dans le tout d’un long processus. Dans la première salle de l’exposition, des colonnes de feuilles à lire renseignent le visiteur : les moyens pharaoniques mis en oeuvre pour cette construction mégalomane, le contexte socio-politique, les témoignages d’habitants un couple, un réfugié politique habitants de la tour.. . Patrick Waterhouse et Mikhael Subotzky Ponte city, 2008-2013 © Magnum Photos
PONTE CITY
MIKHAEL SUBOTZKY & PATRICK WATERHOUSE
Jusqu’au 20 avril 2014
Point d’aboutissement de cette immersion, l’exposition confronte plusieurs récits : données historiques (plans, brochures, coupures de presse...), typologies d’éléments architecturaux sur les 54 étages, images abandonnées dans les appartements par des migrants de passage, personnages qui donnent une voix au bâtiment, scènes poétiques de la vie quotidienne. » (Le Bal).
Et comment la ségrégation raciale s’y exprimait à travers les partis-pris architecturaux.