Dans
L’HEURE DE LA SORTIE, un professeur de collège affronte une classe de surdoués qui se plaisent à l’humilier. Un étrange suspens signé Sébastien Marnier, dans des décors de
GUILLAUME DEVIERCY (ADC).
Après lecture du scénario, comment avez-vous procédé ?
Nous avons débuté la préparation très rapidement dans un même bureau, avec le réalisateur, le chef opérateur, la costumière…du coup tout est allé très vite, les aller-retours en étaient facilités. Tout pouvait être testé, validé ou non, très rapidement.
En termes d’ambiance visuelle, qu’a demandé Sébastien Marnier à vous et au chef opérateur Romain Carcanade ?
Sébastien cherchait à faire un film oppressant, étouffant, charnel, transpirant. Les décors devaient pouvoir suggérer toutes ces sensations. L’idée était de réaliser un décor en contraste avec des tons plus froids, glauques, quand cela était possible, sans pour autant le faire de façon systématique.
L’ambigüité de la couleur verte, presque impériale dans la salle de classe, dans la nature autour du lac, dans la nature domestiquée et forcée des jardinets de la zone pavillonnaire, nous aide à raconter un des thèmes du film qu’est le poids de l’être humain sur la nature, à travers son artificialisation. Un thème que l’on retrouve aussi dans le décor de la boîte de nuit où l’amusement inconscient des adultes est mis en valeur par la fresque naïve et le poisson globe naturalisé.
On ne reconnait pas la ville où est située l’action et son nom n’est jamais mentionné...
La totalité du tournage s’est déroulée en Ile-de-France, dans plusieurs villes : Meudon pour le collège, Sceaux pour l’appartement, Mennecy pour la zone pavillonnaire. Sébastien voulait que l’on se sente dans une province chic, une ville qui aurait pu être Blois, par exemple. Nous avons composé une ville imaginaire de province en banlieue parisienne.
Avez-vous été présent dès les premiers repérages ?
Les repérages ont été fondamentaux et même si la préparation a été assez courte, nous y avons beaucoup travaillé. D’autant plus que deux des décors principaux étaient assez complexes à trouver car ils demandaient une géographie particulière et un style précis : le collège bien sur, avec sa salle de classe, et l’appartement de Pierre Hoffman, le professeur.
Quel type de collège recherchiez-vous et dans quelle mesure l’avez-vous aménagé ? En fait, ce décor avait été repéré assez en amont mais mis de côté, car aucune classe n’avait les bonnes proportions, ni la bonne exposition pour la lumière, le chef opérateur souhaitait être exposé au nord. Finalement, nous avons décidé de transformer une salle de réunion en salle de classe et même si l’espace n’était pas idéal, car trop exigu, nous avons réussi à y faire le décor. Pour l’appartement du professeur, son implantation en rez-de-chaussée était décisive ? On ne sait que peu de choses sur ce personnage interprété par Laurent Lafitte. Comment avez-vous conçu et meublé son appartement ? Concernant ce personnage, effectivement, le réalisateur ne souhaitait pas trop le définir. Cela nous permet de vivre les choses à sa hauteur, de s’identifier à lui facilement, d’être dans sa temporalité à lui, il ne sait rien de plus que nous et nous rien de plus que lui. Y a-t-il des interventions numériques sur les décors extérieurs ? Plusieurs séquences se déroulent dans une carrière avec son convoyeur. Pour finir, et rien à voir avec le film, quelle est votre formation ? Le déclic, l’évènement, la rencontre…qui vous a poussé à faire du décor de cinéma ? Un film, une exposition ou un spectacle qui vous a marqué récemment ? Photos des décors : http://www.adcine.com/deviercy-guillaume Crédit photo GD : Laurent Champoussin
Nous cherchions un lieu dont l’architecture renvoie à l’idée qu’on se fait d’un établissement scolaire d’élite, à l’ancienne, un peu à l’anglaise. La plus grosse intervention s’est limitée à la salle de classe où nous avons tout repris : murs, soubassements, plafond, mobilier…jusqu’au tableau. Il fallait aussi relever son standing pour la faire correspondre avec l’architecture du bâtiment, d’autant plus que c’est la seule salle de classe visible dans le film.
Sébastien avait une idée très précise du lieu et de sa géographie : un rez-de-chaussée avec un vis-à-vis et un petit espace vert entre les deux. Le rapport avec l’extérieur était très fréquent dans la mise en scène et nous n’avions pas les moyens de tourner en studio.
Sébastien voulait une résidence qui ne fasse ni trop chic, ni cité HLM, des fenêtres avec des menuiseries en bois et une large vue sur l’extérieur… et on a fini par trouver.
Aucun appartement ne répondait à ce que nous cherchions, et en attendant de le trouver, j’ai proposé à Sébastien et au chef opérateur de faire comme si nous avions ce décor et nous avons travaillé sur les couleurs, les entrées de lumière, les voilages, les meubles, les matières… abstraitement. Lorsque nous avons trouvé le lieu, les meubles et les accessoires avaient déjà été presque tous été choisis. C’était un coup de poker !
Concernant son intérieur, j’ai imaginé qu’il vivait là depuis au moins dix ans, seul, depuis qu’il prépare sa thèse, sans trop s’y investir : murs jaunis, reprises d’enduit… Le point de départ était une photo de Jeff Wall.
Le point de vue sur la centrale nucléaire n’a jamais existé, dans aucun décor, mais certains décors sont effectivement reliés par les interventions numériques. Concernant la carrière et son parking où a lieu l’accident à la fin du film, elle est composée de deux lieux différents ou nous avons tourné. La carrière, avec tous ces équipements se trouvait dans le sud de l’Ile-de-France et le parking dans un site militaire qui possédait également un circuit routier où nous avons pu réaliser la scène de course poursuite.
En fait, il n’y a qu’un plan dans lequel les deux décors sont liés numériquement, celui où l’on voit la carrière en contre-bas du parking. Mais c’est un plan qui a demandé un travail important avec la mise en scène.
C’est une carrière de calcaire et l’équipement était déjà sur place. Nous ne sommes quasiment pas intervenus sur ce décor, hormis le trou ou est cachée la boîte noire d’avion qui contient les DVD.
Pour les plans où l’on voit des ados jouer en haut du convoyeur, ce sont les cascadeurs qui sont intervenus pour les sécuriser avec des harnais et des câbles dissimulés sous les costumes puis effacés numériquement.
Après la fac de cinéma de Paris VIII, j’ai fait pas mal de métiers dans le cinéma. Puis j’ai découvert la décoration et des métiers dont je suis tombé amoureux. J’ai débuté comme accessoiriste de plateau notamment avec Michel Barthélémy, puis assistant et 1er assistant avec Anna Falguères.
Une (journée) porte ouverte dans le lycée où j’allais entrer et une option cinéma qui m’a conquis.
L’exposition Foujita à la maison de la culture du Japon, qui est assez incroyable !