REAL de KIYOSHI KUROSAWA
Japon, 2014
Au cinéma depuis le 26 mars.
Chaque mois, un film étranger à voir pour ses décors, mais pas seulement...
En mars, le film à voir au cinéma était Les bruits de Recife (toujours en salles), la chronique d’un micro quartier aux habitants soudainement atteints de parano sécuritaire.
Avec Real, on quitte le naturalisme des appartements de la classe moyenne brésilienne pour l’univers raffiné d’un élégant jeune couple tokyoïte (?), elle dessinatrice de manga tombée dans le coma suite à une tentative de suicide, lui qui tente d’expliquer ce geste et la rejoint dans son inconscient grâce à un nouveau procédé scientifique.
Le film mélange allègrement les genres : romance SF basculant dans le cauchemar, thriller psychanalytique, et un final digne du film coréen The Host.
Les décors du film s’avèrent un parfait résumé du Japon d’hier et d’aujourd’hui, incluant des paysages désolés qui, inévitablement, rappellent les catastrophes successives vécues par le pays.
Notre jeune couple idéal vit dans une architecture parfaitement maîtrisée et baignant dans une lumière clinique : design aux lignes sobres, tons noirs et gris alu dominants, l’ensemble heureusement humanisé par une savante accumulation de détails et accessoires.
Les scènes de télépathie "high-tech" ont lieu dans un hôpital bien entendu immaculé, et pour s’opposer à cet univers urbain entouré d’épais brouillard, la nature verdoyante et sauvage d’une île voisine, car c’est de la mer que viendra la clé du mystère.
On y découvre une maison traditionnelle désertée ainsi que des ruines contemporaines, carcasses de béton abandonnées avec en fond la grande roue d’un parc d’attraction fantôme.
Les trucages numériques aident à représenter l’impossible à l’aide d’effets tantôt visibles ou invisibles : les mutations des corps et des villes, les monstres dessinés qui prennent vie, l’entrée dans l’inconscient (oui, mais lequel ?...).
Bien plus encore qu’à l’habitude chez Kurosawa, le fantastique fait partie dans du quotidien.