CIBLES Des cibles anciennes ornées de scène de genre et criblées de balles, des corps humains ou animaliers comme objets de capture, voilà qui illustre la double thématique explorée par "Cibles" : l’œuvre d’art conçue pour être détruite, la notion du regard prédateur de l’artiste sur son sujet. Le Musée de la Chasse et de la Nature, rénové en 2007 et conçu comme une maison d’amateur d’art, confronte des œuvres du XVème siècle (une collection de cibles provenant de Croatie) à des œuvres récentes prenant le motif de la cible (Jasper Johns, Stephen Dean, Camilia Sposati …), ou défigurées par des impacts(Lucio Fontana…), ou encore résultant d’un processus créatif qui utilise le tir (Niki de Saint Phalle, Anne Deleporte, Christian Gonzenbach…). Devant ce geste à la fois créateur et destructeur, le journaliste de Edouard Launet s’interroge sur Libération.fr : "Sur quoi tirons-nous quand nous cartonnons ? En mutilant une œuvre, cherche-t-on à la posséder ou à l’anéantir ? Les scènes représentées par ces cibles ne seraient-elles pas hantées par ce qui s’y joue d’incontrôlable entre la visée et la vue, l’aveuglement et la vision, la proie et l’ombre ? Ainsi les représentations du martyre de Saint Sébastien viennent rappeler que ce personnage est patron des archers et protecteur des sociétés de tir.
Exposition au Musée de la Chasse et de la Nature
Paris 75003, jusqu’au 31 mars.
Cette dernière question, c’est Annie Le Brun qui la pose. L’écrivaine poétesse critique d’art a rédigé pour le catalogue un long texte (A cibles abattues) sur l’ambiguïté qu’il y a à canarder des œuvres, sur la charge érotique de l’acte et sa résonance dans l’histoire de l’art".