Discrets par nature et n’ayant que peu accès aux médias, nous n’avons guère fait parler de nous jusqu’à présent.
Mais devant les polémiques stériles et autres controverses qui compilent les contre-vérités et qui éclosent depuis quelques semaines, faisant un tort considérable au cinéma français, il est temps d’élever la voix et le débat.
Rétablissons quelques vérités qui ont du mal a voir le jour, et qui concernent l’industrie du cinéma français, que de nombreux pays nous envies.
LE CINÉMA FRANÇAIS N’EST GLOBALEMENT PAS SUBVENTIONNÉ NI FINANCÉ PAR LES FONDS PUBLICS. IL EXISTE PAR CONTRE UN SCANDALE CONCERNANT L’EXPORTATION DE LA FABRICATION DES FILMS AU-DELÀ DES FRONTIÈRES.
Contrairement à l’idée reçue, le cinéma français est très majoritairement financé par des fonds privés, provenant de diverses mannes ou filières.
Dans les grandes lignes, outre les sociétés de productions instigatrices des projets, qu’on appelle aussi sociétés de production déléguées, il s’agit d’autant de sociétés de productions, appelées coproductions sur chaque film, en regard d’un investissement conjoint mais moindre que la société instigatrice, ainsi que de société pour le financement de l’industrie cinématographique et audiovisuelle, plus simplement appelées SOFICAS, et qui sont des société privées de capital-investissement spécialement dédiées aux œuvres cinématographiques et audiovisuelles, et agrées par le Ministère de l’Économie et des Finances.
Les télévisions, publiques ou privées, et qui ont le devoir de soutenir le cinéma et la création d’œuvres françaises, sont une source d’investissement et de financement non négligeable dans le montage financier d’un film, correspondant à environ 30 à 40% des investissements totaux effectués dans la production cinématographique (*1).
La part du financement public, quant à elle, se fait au travers des subventions du CNC (Centre National du Cinéma), qui est la source principale de ces subventions, et ne représente en moyenne que x% du budget d’un film.
Sachant que l’enveloppe maximale accordée par le CNC à un film est de 450 000 € (*2), c’est assez peu, et trop peu pour qu’on puisse considérer et affirmer que le Cinéma est largement subventionné par les fonds publics.
Et cela d’autant plus qu’on oublie trop souvent d’où viennent ces fonds redistribués par le CNC : cet argent provient de trois taxes différentes.
La première correspond à 14% du montant des billets de cinémas vendus. Autant dire que ce sont donc les cinéphiles qui financent le cinéma, et non pas l’ensemble des citoyens.
La seconde provient du marché vidéo et la troisième est versée par les diffuseurs TV.
Nombre de films obtiennent un agrément de production de la part du CNC, qui génère et déclenche un soutient financier.
Cet agrément est évidement soumis à des critères d’éligibilité bien définis, répartis sur 100 points de barème financier (*3), et la génération du soutien est régie par une règle de calcul qui définit un coefficient déterminé par le nombre de points(*4).
Pour faire simple et compréhensible, les 100 poins d’éligibilité sont répartis sur sept pôles : 10 points obtenus si l’entreprise de production est établie en France, 20 points si la langue de tournage est le français, 20 points si les artistes interprètes sont français (10 pts rôles principaux pour au moins 50% des scènes, 10 pts pour les rôles secondaires et petits rôles), 10 points si les auteurs (réalisateur, auteurs, dialoguistes) sont français, 20 points pour le tournage et la post-production (dont 5 pts pour la localisation de tournage) et 20 points pour les techniciens & collaborateurs de création (14 pts) et ouvriers (6 pts).
la règle de calcul génère un pourcentage de soutien en fonction du nombre de points obtenus. Et il est à noté qu’entre 80 et 100 points, le pourcentage du soutien est de 100 %.
Ce qui arrive fréquemment, lorsqu’une production décide de tourner à l’étranger pour des raisons autres qu’artistiques (imposées par le scénario) c’est que tout les points sont respectés, hors le lieu de tournage donc (- 5 pts), et non plus les une partie des techniciens (- 8 ou 9 pts) et des ouvriers (-5 ou 6 pts). Résultat des comptes, un film obtient 80 points d’agrément, qui génère lui-même 100 % de fond de soutien pour aller se filmer à l’étranger pour des raisons économiques, générant ainsi un manque à gagner de création d’emplois non négligeables !
Selon la Fédération des Industries du Cinéma, de l’Audiovisuel et du Multimédia (FICAM), ces délocalisations ont entrainé pour les industries techniques un manque à gagner de 196 millions d’euros (196 000 000 €) au premier trimestre 2012. Si on estime que 100 films ont été ainsi délocalisés en 2012, ce sont entre 3000 et 5000 offres d’emplois qui n’ont pas été pourvues pour les techniciens et ouvriers de l’industrie du cinéma en France. Les chiffres sont plus que considérables…
Ces délocalisations sont un drame absolu pour nos métiers, autant que pour l’industrie technique et pour les prestataires liés à la fabrication des films.