« QU’IL EST ÉTRANGE DE S’APPELER FEDERICO »
SCOLA RACONTE FELLINI
Un film de Ettore Scola (2013)
En salles depuis le 8 juillet
C’est l’autre film du mois, un film sur le cinéma et sur le décor en studio, à l’heure où ceux de Bry risquent de disparaître. Un film sur une période faste du cinéma italien, de 1950 à 1980, quand les glorieux studios de Cinecittà ne désemplissaient pas.
Fellini en était un des habitués et l’immense plateau 5 sa seconde maison, on y exposa même son cercueil devant la foule venant lui rendre un dernier hommage.
Qu’il est étrange de s’appeler Federico est une lettre d’amour de Scola à son collègue et ami proche. Ni biopic, ni hommage révérencieux, plutôt un collage de souvenirs, un portrait impressionniste entre fiction et documentaire.
Tous deux sont arrivés tout jeunes à Rome avec leurs dessins sous le bras, ont commencé comme caricaturistes pour le même journal, sont ensuite passés au cinéma comme scénaristes puis réalisateurs.
« Pour qui dessine, comme Federico et comme moi, c’est un instrument en plus, très utile. Cela permet de donner des esquisses aux scénaristes, aux costumiers, pour la photographie. Je continue de le faire. Automatiquement. Même quand je parle au téléphone, sans finalité précise. » (interview au figaro.fr du 08/07/14)
Scola raconte les débuts au journal, les virées nocturnes en voiture en quête d’inspiration, les tournages en studio ou dans la ville de Rome.
Il passe du noir et blanc à la couleur, ne vise jamais la reconstitution réaliste mais filme en montrant l’envers du décor, les tulles peints et les fonds verts, révélant l’artifice comme aimait tant le faire Fellini.
Il fait revivre la naissance de la comédie à l’italienne et convoque l’univers de Fellini. Ils sont tous là : les évêques défilant en patins, Marcello et Anita dans la fontaine de Trevi, la parade finale de 8 1/2, le paquebot géant de Amarcord et les vagues en bâches de plastique.
Avec des documents rares et hilarants : Gassman, Sordi et Tognazzi faisant chacun des essais costumés pour le rôle-titre de Casanova, finalement incarné par Donald Sutherland.
Pour finir, une poursuite à travers les décors extérieurs (permanents ?) de Cinecittà, eux aussi longtemps menacés.
Conclusion : Cinecittà et Bry-sur-Marne = même combat.
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© Carlotta