dans le “nouvel observateur”
Publié le 07-06-11 à 12:01
Un projet fou est lancé dans la région de Toulouse : transformer un site militaire en studios de cinéma pour une grosse compagnie américaine. La course contre la montre est lancée. Par Jean-Frédéric Tronche
Les Américains s’apprêtent à débarquer sur un terrain militaire français. Et ce, avec la complicité d’un avocat et d’un architecte. Mais cette invasion, prévue à une dizaine d e kilomètres de Toulouse et annoncée par la Dépêche, est tout ce qu’il y a de plus pacifique. Il s’agit de transformer une base aérienne en gigantesques studios de cinéma pour une grosse compagnie hollywoodienne.
Les acteurs de ce dossier sont très discrets sur certains aspects. Mais, selon les informations obtenues par Le Nouvel Observateur, c’est la société Raleigh qui a des vues sur ce terrain, sis à, l’ex-base aérienne 101 de Toulouse-Francazal, dissoute le 1er septembre 2009. La major, elle, assure déjà les tournages des Experts ou de productions Pixar et possède d’autres studios, notamment en Europe de l’est.
Autant dire une machine de guerre du divertissement qui a eu connaissance de cette zone stratégique française par le biais d’un informateur local, architecte de profession et dingue de ciné : Bruno Granja, aujourd’hui propulsé mandataire de la société US en France.
Me Jacques Lavergne, avocat toulousain chargé du montage et du suivi du dossier a raconté cette aventure au Nouvel Observateur. "Je suis tout ébaudi en espérant que ça fonctionnera pour la région. Aujourd’hui, mon interlocuteur est l’Etat dont le représentant local est le préfet de Haute-Garonne. Or, la préfecture a déjà beaucoup investi pour la reconversion du site de Francazal (pour l’industrie aéronautique, NDR) qui s’étend quand même sur 150 hectares !"
Un lieu hors du commun, "une véritable ville, avec 7 gigantesques hangars construits par Eiffel idéals pour héberger des studios, mais aussi des habitations, des bureaux, des ateliers, restaurants, salons, etc."
Les Américains séduits.
Et c’est notamment cela qu’est allé "vendre" Bruno Granja en allant frapper à la porte de cette major aux Etats-Unis. "Quand ils ont vu ces hangars à avions, ces pistes où l’on peut poser les hélicos des vedettes ou encore les décors naturels des Pyrénées, ils ont été séduits, raconte encore Me Lavergne. Et après quatre mois d’études, ils ont tranché : "On y va !"
Maintenant, la balle est dans le camp français. Que l"’Etat vende ou loue le site, peu importe. D’autant que le calendrier des Américains est plutôt serré.
2011 : études juridiques et négociations.
2012 : travaux, à hauteur de 80 millions d’euros.
2013 : début des tournages.
A la clé, selon l’avocat, au moins 5.000 emplois, et pas seulement réservés à des candidats hautement qualifiés, comme c’est le cas avec l’aéronautique. "On aura besoin de manutentionnaires, d’ouvriers, etc." Si les décisions ne tombent pas vite, la major- dont les studios de Budapest affichent complet- est prête à changer son billet pour Singapour... Ce serait si bête de perdre Toulouse.
Jean-Frédéric Tronche - Le Nouvel Observateur