LES FILMS DU MOIS
AQUARIUS
Kleber Mendonça Filho (Brésil, 2016)
et
BROOKLYN VILLAGE
Ira Sachs (USA, 2016)
Actuellement dans les sallles
Au cinéma, la maison est un décor et parfois un enjeu politique. Dans
Aquarius, une sexagénaire est harcelée par des promoteurs immobiliers. Dernière habitante d’un immeuble des années 1940, elle et son appartement font de la résistance face au pouvoir de l’argent.
Décor principal du film, son appartement est une mémoire familiale aux meubles et bibliothèques en bois massif. Clara se love dans son hamac, entourée de ses livres et de sa collection de 33 tours. Seul un écran plat 16/9 trahit les années 2000.
Dernier vestige à deux étages sur le front de mer, l’immeuble Aquarius, avec ses claustras et ses bow-windows ouverts sur la plage, est entouré de tours de béton toutes en verre fumé et balcons-bunkers.
Pour chasser la dame entêtée, un jeune architecte ambitieux fera appel à ce qu’il sait des matériaux et de leurs faiblesses...
Un film sur la perte de la mémoire et du sens de l’humanité, un décor métaphore du chaos urbain et moral du Brésil d’aujourd’hui, ce que le réalisateur nous avait déjà montré en 2012 avec Les bruits de Recife.
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Changement de décor. A Brooklyn, quartier en pleine gentrification, une famille « cool » hérite d’une maison dont la boutique en RDC reste occupée.
Venus d’un Manhattan devenu inabordable, ils doivent à leur tour renvoyer leur locataire incapable de payer le nouveau loyer.
Little men, titre original de Brooklyn Village, traduit bien mieux le récit centré autour de deux jeunes ados, pris entre les conflits de leurs parents respectifs. Moins en évidence que dans Aquarius, les décors du film en reflètent tout aussi bien les personnages et les enjeux, comme la difficulté d’ « une société métissée et urbaine traversée par la violence de l’argent » (Positif d’octobre 2016, où l’on trouve aussi une interview de Kleber Mendonça Filho)