LES BRUITS DE RECIFE Au cinéma depuis le 26 février Comment l’architecture (donc le décor) reflète les rapports de classe, ceux d’aujourd’hui entre la classe moyenne et ses domestiques, ceux d’hier entre riches planteurs et esclaves. Recife, une ville côtière du Brésil. Le quotidien d’un micro-quartier privilégié, rythmé par les bruits du voisinage. Les tours grignotent petit à petit les maisons plus anciennes ; de leurs vastes appartements carrelés de blanc, les propriétaires pris de parano protègent leur territoire à coup de grilles et de caméras de surveillance. Les femmes de ménage dorment dans les pièces les plus chaudes, la petite fille d’un riche patriarche fête son anniversaire au bord de sa piscine. Il fait ressurgir le passé avec la visite d’une riche plantation délabrée, la découverte d’un vieux cinéma éventré ; et soudain des éclairs de visions oniriques, comme pour illustrer la réelle menace à venir. « Je voyais le film comme un soap opera filmé par John Carpenter », explique le réalisateur. « Les soap opera brésiliens sont très mauvais. Le langage télévisuel est pauvre et moche. Mais si on tourne en cinemascope, avec une très forte conscience de l’espace, avec une atmosphère de thriller sans que ça en soit réellement un, ça devient plus intéressant. Les bruits de Recife a été récompensé dans plusieurs festivals internationaux, et représenté le Brésil pour l’Oscar du meilleur film étranger.
de KLEBER MENDONÇA FILHO (2012)
Par petites touches, à l’aide de scénettes apparemment anodines, rigoureusement inscrites dans l’espace intérieur et extérieur, Kleber Mendonça Filho souligne l’archaïsme des structures sociales du Brésil.
Dans Assault on precinct 13 de Carpenter, on a ce sens de l’espace, avec la peur qui vient de dehors et essaye d’envahir les espaces ».