Action 1 - La Ressourcerie du Cinéma
Concernant la fabrication de films et les possibilités de leurs élaborations en réduisant l’impact sur notre environnement peu d’actions concrètes se sont matérialisées ces dernières années. Pourtant nous avons connus de nombreux colloques, tables rondes, stands et autre réunion sur le geste vert, sur la responsabilité écologique et le développement durable dans l’industrie cinématographique et télévisuelle (l’audiovisuelle). Ce sont des outils patents et fonctionnels dont il faut constater l’absence à la suite, en retombé des présentations, des suggestions et motivations à l’économie circulaire qu’elles soient institutionnelles, syndicales, ou associatives.
Cependant récemment la reprise par le CNC des feuilles de route énoncées depuis 12 ans par les collectifs Ecoprod, Ecodéco et homologues hors frontières augure d’une accélération ... 5 experts, une année d’attente pour un déroulé sur 3 ans de perspectives écologiquement responsables pour les acteurs de l’industrie audiovisuelle (de fiction surtout) c’est la mèche d’un pétard qui est enfin allumé …
Au lendemain de l’annonce des étapes du CNC pour la mise en place de la prise en compte de la réduction de notre empreinte carbone professionnelle, constatons qu’il n’y a à notre connaissance (cf. le groupe Ecodéco « issu du M.A.D et de l’A.D.C) que la société d’éco-management de régie générale "Secoya", son petit frère "Fin 2 Déchets" et "La "Ressourcerie du Cinéma » accompagnée « des 3 portes » de Philippe Boulenouar et Arlequin matériaux de Matthieu Génin qui ont émergés. La Réserve des Arts est une initiative plus générale aux artisans, aux designers. https://www.lareservedesarts.org/eshop ; La réserve est une réussite, mais qui vient d’autres horizons sectoriels. L’expérience du prestataire Copie dep* qui a lancé un appel pas du tout relayé et sans retour des professionnels est un indicateur du peu de cas des actions concrètes par les intervenants professionnels que ce soient les productions /salariés pour qui un prestataire est suspect puisqu’il facture ! Ce sont bien les mentalités qu’il faut déranger. https://www.youtube.com/watch?v=e-pfaQMiZ8w
Les camions et groupe électrogène restent au carburant fossile, pas de curiosité, de tentatives, d’essais. La Ressourcerie du Cinéma va tenter prochainement de mettre en place pour collecter les fins de décors un camionnage avec un carburant au gaz naturel. A l’étude un accord avec "Ecolotrans" et sa flotte de véhicule au GNV. http://www.ecolotrans.com/
Pour une industrie qui aime à rappeler qu’elle est celle des prototypes, la tendance à l’innovation écologique est mitigée. Le peu de temps de préparations n’aident pas. Dernièrement suite à l’embellie des fabrications de séries, le manque de techniciens et les qualifications réduites d’une partie de la population de professionnels primo-arrivante ne laissent pas l’espace à l’expérimentation. Le cadre du bénévolat atteint ces limites.
Les efforts, il faut les concentrer avec ceux qui veulent œuvrer à de nouvelles techniques de travail ! Et continuer à informer, à demander de l’aide. Ce sont des technologies appliquées de la réduction, de l’efficacité, de l’économie circulaire. Des apprentissages souvent pas si innovant que cela, puisqu’il s’agit de retrouver des façons de faire délaissées ; par exemple sur les volumes, arrêter le débit de polystyrène pour le staff ou revenir aux ossatures et recouvrements de tissus (lin) plâtrés, amidonnés. Il faut accompagner, aider, encourager ceux qui annonce leur volonté de mieux faire et font seulement le dixième accompagné et le dixième qui ne dérange pas les équipes. Faire 20% de ce qui serait aujourd’hui possible c’est avancer avec les « verts légers » et des couches d’actions très limitées sur des tournages de séries notamment. Il nous faut infléchir fortement l’effort envers les préparations et post production moins visibles et donc moins communicables pour le public, la presse ….
Les deux associations récentes de film publicitaires semblaient prendre en compte la vison d’écologisme professionnel mais peu de concrétisation de méthodologie à part les déclarations habituelles. Pourtant c’est dans ce secteur audiovisuel, très rapide et performant que le laboratoire d’éco-conception de films pourrait progresser rapidement. Reste la bonne volonté des productions en général sur les fins de vie des décors (dont ils ne sauraient quoi faire à part les mettre à la benne) qui sont permises à la Ressourcerie du Cinéma et profil l’amorce d’une méthodologie pratique.
La Ressourcerie est née grâce au volontariat de Jean-Roch Bonnin accessoiriste, et de William Abello chef décorateur, de Karine D’Orlan De Polignac et Isabelle Berthet cheffes de projet. Après 8 mois d’existence et de calibrage du fonctionnement c’est l’espace de stockage, le m² qui détermine l’avenir des six tonnes d’éléments de décors récupérés par semaine, réutilisés, revendus ou recyclés, c’est le besoin en quantité d’espace immobilier qui met en danger l’avenir de ce répertoire d’assemblage, de ces matières premières composites prêtes à l’emploi .Les murs (feuilles décors ), les ouvrants (fenêtres et portes), les éléments standards (escaliers, colonnes, pilastres,… ), les impostes (soffites et raccords entre les éléments) sont à disposition de l’imagination des décorateurs.
Le marché de l’immobilier et ses promoteurs cassent nos lieux pour en faire d’autres ou les métiers de la main, les métiers d’arts sont impraticables (hauteur, accès, lumière). Les seules réponses depuis des mois des bailleurs en Ile de France (les collectivités locales, les mairies, et les régions) aux besoins d’abris de ces richesses réutilisables sont des loyers bien trop chers pour les années à venir. Le modèle économique des entreprises d’actions à l’écologie professionnelle passent par des étapes de formation des équipes, de responsabilisation des productions et de remontés aux institutions et cela seulement commence à se profiler. Le CPNEF rendra bientôt son audit sur la formation de conseiller écologique sur les films. http://www.cpnef-av.fr/ La Commission Supérieure Technique de l’Image et du Son a initié un département d’étude sur l’éco-conception de films.
Tout cela va dans le bon sens, certes, mais les difficultés quotidiennes proches de la marche forcée de la Ressourcerie sont, elles très basiques. En septembre le lieu à petit loyer qui a permis le lancement du projet fera place à un immeuble. Et les seules pistes (SNCF, Société mixte de communes) sont encore hors de portée budgétaire pour l’instant. Les éco-villages, les réunions de Ressourcerie notamment à la Commanderie dans le 19° arr. (5000m²) ne nous sont pas ouvertes… encore. Les pôles audiovisuels futurs, trop futurs. Car si l’avenir se profile de façon positive (aides conséquente du CNC et de l’Ademe) il faut encore un temps à la stabilisation du fonctionnement. Ce sont 24 mois d’essors supplémentaires de l’outil qui permettra aux productions de voir réduire leur coût écologique, et aux équipes de travailler plus efficacement car elles consacreront plus de temps à la création et non plus à l’éternelle feuille décors de base. Réduire ce n’est pas en faire moins, c’est ne pas refaire.… !
William Abello A.D.C https://laressourcerieducinema.org/
https://www.facebook.com/laressourcerieducinema/
et la collection Sketchup ou il est possible de participer lors de ses locations a l’archivage des standards.
LA RESSOURCERIE DU CINEMA EN QUELQUES CHIFFRES
La ressourcerie au plus près de sa clientèle
Nous nous sommes installés en décembre 2021 dans un local de 350 m2 à Bagnolet. Malgré
l’importante contrainte d’un foncier onéreux, nous avions compris que s’implanter non loin
des studios de cinéma, proche de l’offre et de la demande était le plus judicieux à exécuter.
Nous l’avons constaté dans cette phase test, le magasin « show room » est en effet
indispensable pour le chef décorateur qui semble attaché à venir voir les matières et les
éléments de décor sur un lieu physique.
Néanmoins, c’est une contrainte importante pour notre activité puisque le foncier est très
onéreux en région Parisienne.
Toutefois, forts de notre expérience de 7 mois, nous pensons que cette stratégie est la
bonne : disposer d’une part d’un magasin « show room » de 1200 m2 et d’autre part d’un
espace de stockage plus exentré de la Région Île-de-France, mais moins onéreux.
Depuis le début de l’aventure, nous travaillons à créer des partenariats avec tous les acteurs
du réemploi. Nous envisageons de créer un fort partenariat avec l’association Artstock
(Ressourcerie du théâtre et de la mode). Avec l’envie de part et d’autre de créer une
synergie en France, nous souhaitons partager des espaces communs et nos
ressources.,Sachant qu’Artstock a besoin d’un show room sur Paris, nous avons besoin de plus
d’espaces moins onéreux…
Également, nous avons rejoint Le RESSAC (réseau national des ressourceries artistiques et
culturelles). Créé en 2020, le RESSAC, réunit l’ensemble des acteurs du réemploi culturel, afin
de travailler collectivement sur des enjeux communs et mettre en partage leur expertise et
leurs expériences.
En décembre 2020, nous nous installons dans 350 m2 de stock et 100 m2 de bureau, au 12
rue de la liberté à Bagnolet. En mai 2021, La Ressourcerie du Cinéma est remplie … La
ressourcerie réalise du chiffre, le stock doit continuer à croitre pour pouvoir répondre à la
demande, nous déménageons donc les gros éléments du stock dans un local de Bobigny de
150 m2 pour désengorger la ressourcerie de Bagnolet et garder un show room attractif pour
notre clientèle.
Le sauvetage des Bennes de décembre 2020 à juin 2021
La Ressourcerie du Cinéma récupère de deux façons :
Soit commandité par les productions, elle se déplace sur les lieux de tournage et enlève les
matériaux avant qu’ils ne soient mis en Benne, cette prestation est rémunérée par la
production qui diminue ainsi son coût de location de bennes obligatoires pour un tournage.
Ces prestations sont préparées en amont avec la production et le chef décorateur pour
permettre une récupération optimisée des décors, ajustement du nombre de camions, de la
main d’oeuvre et optimisation de démontage sans détérioration.
Le camion est loué. La main-d’oeuvre est en partie fournie par la production du film,
complétée par nos bénévoles, ou depuis mai avec notre salarié.
Soit ce sont les intermittents employés par les tournages qui viennent à la demande de la
production, ou du chef décorateur déposer du matériel directement à la Ressourcerie du
Cinéma.
Les matériaux sont catégorisés, comptés, leur poids est estimé. Un formulaire de dépôt signé
nous permet de récupérer les droits du décor réalisé par la production (cf pièce jointe
« formulaire du dossier)
Dans un second temps, les éléments dont le poids est estimé sont classifiés, mesurés,
photographiés et postés sur les réseaux sociaux ainsi que sur le catalogue de La Ressourcerie
du Cinéma puis rangés et stockés de façon à être accessibles facilement pour la réutilisation.
…
Quelques chiffres
50 tonnes de marchandises récupérées sur les studios en 5 fois, 2 productions de long
métrage français : Astérix 2021 et le dernier film de Bercot, (De son vivant) nominé à Cannes,
une série française, Family Buziness, 1 production publicitaire grand luxe, Cartier.
5 tonnes de feuilles décors soit environ 60 % des éléments de décor.
5 tonnes de feuilles décor données directement à La Ressourcerie du Cinéma
30 tonnes d’éléments de décor ont été déposées directement à La Ressourcerie du Cinéma
350 m2 rempli en 6 mois.
Une goutte d’eau sauvée des bennes…