A l’occasion de la sortie de Populaire, le film de Régis Roinsard dont elle a signé les décors « fifties », Sylvie Olivé se prête au jeu de l’interview. Quelles sont vos sources d’inspiration ? En trois mots, cinéma/télévision quelle différence ? Vos expériences à l’étranger ? Un film qui vous a marqué ou influencé ? Un décor qui vous a fait rêver ?
Comment abordez-vous la lecture d’un scénario ?
A l’horizontale ! Je plaisante, mais en général je choisis un endroit et une position qui m’apporteront un maximum de concentration. C’est le maître mot ! Puis je laisse faire mon instinct, au cours de la lecture apparaissent des sensations, des images, des visions. Quelque chose s’imprègne, mon petit moteur se déclenche...
Beaucoup, beaucoup de domaines... l’art contemporain, car je viens des arts plastiques. Toutes sortes d’expositions, je m’intéresse beaucoup au spectacle vivant, à sa poésie, et à la danse contemporaine, aux arts circassiens. Et aussi la musique, l’architecture, la cuisine...
Comment exprimez-vous vos idées ?
Principalement par des images. Le cinéma, c’est des images et des sons, je ne sais pas m’exprimer autrement que par des images,… et des sons quand je dois parler pour exprimer la pertinence de mes propositions !
En quoi avez-vous changé depuis vos débuts ?
C’est très agréable de vieillir et de prendre de la bouteille ! Il y a une sérénité, je suis moins “tendue”... Plus j’avance et plus je me donne l’autorisation de rêver, je me sens très à l’aise dans toute sorte de formats de films. Ce métier fonctionne avec l’expérience, plus qu’un autre probablement, parce qu’il englobe un nombre incalculable de domaines : des savoirs techniques, les nombreux corps de métier de fabrication, des constructeurs, peintres, sculpteurs, tapissiers ...la connaissance des styles, de la dramaturgie d’un script, mille et une choses…on ne peut pas embrasser sereinement ces domaines sans expérience.
Le temps ! Donc le souci de la précision et du détail, ce qui dans ce métier est la valeur ajoutée et qui fait la différence. La caméra est un œil redoutable, elle s’y connaît en matière de détails !
Comme vous le savez, et c’est dramatique, beaucoup de films s’exportent à l’étranger chez nos amis belges et luxembourgeois, crédit d’impôt oblige…J’ai moi aussi travaillé en Belgique, pour un fameux metteur en scène Belge : Jaco Van Dormael, une rencontre qui a bouleversée ma vie professionnelle. Avec ce film (Mr Nobody), nous avons pas mal voyagé et j’ai eu une très bonne collaboration avec les studios de Berlin. Il faut voyager, voir ce qui se passe ailleurs, faire des expériences, mais exporter la majorité de notre production est très dramatique pour nos équipes, et à (court) terme pour notre cinéma.
Les films de Fritz Lang, bien sûr ! Les Mabuse, Metropolis…
Metropolis of course, mais aussi, j’ai eu la chance il y a quelques années de visiter le plateau de “La cité des enfants perdus” de Caro et Jeunet, un décor du très talentueux Jean Rabasse, sur un plateau de 4000m2. Un travail splendide ! Et quel souci du détail ! J’en garde un beau et poétique souvenir, en dehors du coté grandiose, je déambulais dans un monde, pas dans un “décor”.
Votre plus belle aventure ?
“Mr Nobody“de Jaco Van Dormael, et “Populaire” très certainement.
Quelques mots sur « Populaire », le film de Régis Roinsard ?
Une rencontre avec un metteur en scène exigeant et très talentueux, c’est la promesse d’un travail qui va être passionnant, avant même de parler de « film d’époque ». Ça vous pousse en avant, forcément.. .Il a un œil « plastique », en plus de son sens dramatique, et un souci du détail dans lequel je me reconnaissais, alors on a essayé de faire ensemble « du bon boulot ».